La profession infirmière est-elle essentiellement féminine ? (2/3)

Officieusement, les soins infirmiers ont presque toujours été l’apanage des femmes. Mais les efforts d’une certaine Florence Nightingale allaient institutionnaliser la chose ; donnant à la profession une puissante dimension féministe.

Florence Nightingale ; une femme avant-gardiste

C’est au XIXème siècle que les soins infirmiers vont réellement s’organiser en profession, sous l’influence de la très célèbre Florence Nightingale. En effet, cette jeune femme anglaise issue d’un milieu fortuné se révèle extrêmement altruiste. Et suite à une épidémie de grippe durant l’Hiver 1838 qui frappe l’intégralité de la famille Nightingale ; elle se passionne pour les soins aux malades et décide de devenir infirmière. Elle parle alors de vocation, s’estimant choisie par Dieu lui-même pour accomplir cette tâche alors réservée aux religieuses ou aux femmes sans avenir et sans instruction. Des soignantes de l’ombre, aussi laissées pour compte que les hospices qu’elles hantent à toute heures du jour et de la nuit auprès de leurs malades. Mais après de nombreuses péripéties, Florence obtient gain de cause. Et va user de l’autorité inhérente tout à la fois à sa personne et à son milieu pour faire de ces fantômes négligés un corps de métier à part entière, avec sa part de technique et sa logistique propre. Et en coulisse, la profession va devenir un véritable outil féministe. Cela parce que Florence elle-même ne s’entoure de que de femmes. Des femmes du commun qui grâce à l’éminente anglaise (du reste soutenue par la reine Victoria elle-même qui dans une lettre de 1856 la félicite de l’exemple qu’elle donne au sexe féminin dans son ensemble) acquièrent une éducation et par conséquent ; une relative indépendance. Elles ont désormais un statut respectable qui, avant la professionnalisation des soins infirmiers et leur féminisation, leur semblait tout à fait hors de portée. Et en 1860, c’est la consécration pour cette féminisation exclusive de la profession d’infirmière avec la création par Florence Nightingale de la Nightingale School and Home for nurses at St. Thomas Hospital, bien évidemment réservée aux femmes. Car en ce XIXème siècle ou l’Angleterre et son empire sont sous l’autorité d’une femme ; les mentalités changent. Plus encore, certaines des ouailles de Florence vont elles-mêmes courir l’Europe pour mettre en place des écoles, là encore exclusivement dévolues aux infirmières. Sous la houlette de Florence Nightingale, les femmes s’emparent peu à peu des soins infirmiers. Qu’elles régissaient d’ailleurs en coulisse depuis longtemps ! Mais désormais ; il ne s’agit plus d’œuvrer dans l’ombre. Le métier d’infirmière devient une véritable revendication alors qu’approche l’aire des suffragettes … Pourrait-on se risquer à dire qu’alors que les guerres ravagent le monde, devenir infirmière pour une femme est l’équivalent de faire son devoir de soldat pour un homme ?

Or, force est de constater que cette aura féministe due à ce contexte d’émancipation de la femme bien particulier perdure encore aujourd’hui …

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