Epuisement professionnel chez les infirmiers

La pandémie du covid-19 a eu et a toujours de nombreuses répercussions quant à l’organisation et à la gestion des services de santé.

Plusieurs zones sont de nouveau classées en zone ‘d’alerte renforcée’ et les épidémiologistes prévoient que la majorité du pays le sera également très bientôt. La situation actuelle du pays est en fortes tensions et plus généralement en matière de moyens humains.

Ce dimanche 11 Octobre, l’Ordre national des infirmiers appelle à des mesures urgentes faisant suite à une étude faite auprès de 59 368 infirmiers et qui révèle que 40% des infirmiers seraient prêts à changer de métier.

Des conditions de travail peu fiables

Deux tiers des infirmiers déclarent que leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de la crise et 57% indiquent être en situation d’épuisement professionnel tandis que pour 48% il y a un fort risque d’impact sur la qualité des soins. C’est près d’un infirmier sur cinq qui n’a pas pu prendre de congés depuis Mars dernier (29% chez les libéraux) et qui, à l’approche des vacances de la Toussaint, s’inquiète de ne pas voir ses jours de vacances acceptés.

Le mal-être des infirmiers est en partie lié aux conditions de travail que ce soit l’augmentation de la charge de travail ainsi que le manque de reconnaissance et les salaires trop bas. Les infirmiers sont à bout avec derrière eux plusieurs mois de travail acharné. De plus, en ville ou en établissement, 30% des infirmiers disent exercer des tâches sortant de leur champ de compétences réglementaires pour assurer les besoins liés au covid.

Les infirmiers décrivent une organisation fragile avec un état de fatigue et de découragement avancé. Il est donc, à l’heure actuelle, indispensable de mettre en place des mesures pour protéger les infirmiers et renforcer l’attractivité de la profession puisque l’épidémie de la covid-19 n’a fait qu’aggraver la sensation de lassitude qu’avaient déjà les infirmiers.

Une organisation à revoir

C’est ainsi que 43% des infirmiers pensent que la préparation collective à assurer une seconde vague n’est pas meilleure, alors que 44% estiment que les équipements de protection sont toujours en quantité insuffisante (68% pour les libéraux).

47% des infirmiers (55% des libéraux) considèrent qu’il serait envisageable de plus se reposer sur eux pour lutter contre la pandémie pour par exemple faire les tests de dépistage, poursuivre les soins des patients chroniques ou non et pour le suivi des patients contaminés.

Les effectifs depuis le début de la crise sont également impactés ; un tiers des infirmiers considèrent être moins nombreux que d’habitude tandis que 57% d’entre eux disent ne pas disposer du temps nécessaire à la prise en charge de chaque patient.

Enfin, des filières séparées covid et non covid ont été mises en place pour 46% des infirmiers alors que l’organisation permet la continuité des soins nécessaires à la santé de tous.

La vie personnelle impactée

C’est actuellement la vie personnelle des infirmiers qui en pâtit, avec des journées de plus en plus longues, des repos de moins en moins nombreux et menant à une lassitude générale du métier.

L’état de fatigue des infirmiers pourrait avoir de graves conséquences sur le nombre de démissions. La covid-19 a révélé une souffrance déjà existante auprès des infirmiers et a laissé place à une peur de l’avenir plutôt qu’à la peur de la contamination.

Patrick Chamboredon, président de l’ordre souligne « ne pas voir le bout du tunnel lorsqu’on est en première ligne c’est très compliqué, tout le monde se pose la même question : quand est-ce que ça va s’arrêter ? ».

« Jeter leurs blouses »

Avant la crise sanitaire, 33% des soignants étaient déjà en situation d’épuisement professionnel et ce chiffre a quasi doublé depuis quelques mois ; 57% se considèrent actuellement en burn-out. Un fort risque d’impact sur la qualité des soins est en jeu pour la moitié d’entre eux puisqu’ils estiment de pas disposer du temps nécessaire à la prise en charge de chaque patient.

37% des infirmiers estiment que la crise traversée leur a donné envie de changer de métier et 43% ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans 5 ans.

L’ordre estime que « ces conditions de travail dégradées nous font courir le risque de voir toujours plus d’infirmiers jeter leur blouse » et que « l’on observe un mal-être croissant en à peine six mois ».

Une mobilisation

En cette rentrée 2020 ce sont 34 000 postes d’infirmiers qui sont vacants sur les 700 000 disponibles.

Pour la journée du 15 Octobre de nombreux syndicats et collectif de soignants ont appelé à une journée de mobilisation et de grève pour, de nouveau, faire entendre leurs voix.

Depuis plus d’un an les professionnels de la santé protestent contre le manque d’effectifs, la fermeture de lits, les tensions dans les services et le manque de reconnaissance.

Ce seront des embauches massives immédiates et la revalorisation significative des salaires qui seront défendues en ce jeudi. Les promesses du Ségur de la santé restent insuffisantes pour l’ordre national des infirmiers et les changements souhaitent être vus dans un futur plus proche puisque la profession infirmière est aujourd’hui dans une grande souffrance et une désespérance.

Les états généraux de la santé s’étant déroulés le 1er Octobre dernier reprennent toutes les attentes des infirmiers au court et au long terme tels que rendre plus attractive la profession, permettre l’évolution au cours de la carrière de l’infirmier, laisser plus d’autonomie, etc..