Les infirmiers exclus des prescriptions des vaccins Covid

A l’heure actuelle, la vaccination contre le covid-19 est un enjeu majeur de santé publique.

Depuis une semaine, plusieurs organisations infirmières réclament la possibilité pour les infirmières de prescrire les vaccins contre le Covid 19 en plus de la possibilité de les administrer.

« Aujourd’hui, le gouvernement écarte la seule profession dont c’est réellement le métier », estiment d’une même voix les organisations. D’après celles-ci, les compétences ne sont pas optimisées et la population est donc moins vaccinée.

Dans un communiqué, elles interpellent le ministre des solidarités et de la santé : « Imaginez, Monsieur le Ministre, ce que nous pourrions avoir comme couverture vaccinale si vous nous laissiez le droit de prescrire ce vaccin ! Alors que dans d’autres pays ce sont les infirmiers qui œuvrent sur le plan vaccinal à toutes les étapes de la vie du patient. »

Elles estiment que les infirmiers ne sont pas traités « à leur juste valeur », qu’ils sont « bafoués » et « désavoués dans leur rôle ». Elles regrettent aussi que soit donné aux pharmaciens ce qui représente « l’essence même » de la profession et du rôle infirmier : « la prévention, la surveillance et surtout le raisonnement clinique ». Les organisations appellent ainsi à l’abrogation de cette décision, qu’elle qualifie d’inepte, et met en garde contre la colère, l’écœurement et la démotivation qui pourraient gagner la profession.

De plus, un décret publié dans le journal officiel du vendredi 12 Mars annonçait que les pompiers pouvaient procéder à la vaccination, ce qui n’a pas manqué de faire réagir les organisations infirmières. De même, depuis le 15 mars les pharmaciens peuvent vacciner les personnes prioritaires listées par les autorités sanitaires, sans ordonnance. Le premier Ministre a précisé que les sages-femmes et les pharmaciens étaient des prescripteurs officiels, à l’inverse des infirmiers, libéraux ou non.

Les infirmiers dénoncent un mépris des autorités publiques ainsi qu’une hiérarchisation entre les professionnels de santé de ville, de même que la non-reconnaissance de l’expertise des infirmiers.

Retrouvez ci-dessous le communiqué de presse unitaire de 25 organisations infirmières :

Le mépris des compétences infirmières ralentit la vaccination Covid19

Les organisations infirmières du secteur salarié ou libéral, de l’éducation nationale, du métier socle des spécialités ou de la pratique avancée, s’insurgent contre le refus d’utiliser pleinement les compétences infirmières récentes pour la vaccination anti-Covid avec la décision de donner le droit de prescription aux pharmaciens mais pas aux infirmiers.

Les infirmiers sont au cœur de la crise depuis le début, malgré le manque d’équipement, d’effectifs, le risque d’être eux-mêmes et leurs familles contaminées. Nous avons toujours répondu positivement et avec une grande réactivité à l’ensemble des sollicitations, plus particulièrement au cours de l’année écoulée et probablement pour plusieurs mois encore, en raison de la pandémie mais aussi du fait des failles institutionnelles et structurelles ainsi que du manque d’écoute à notre égard.

Aujourd’hui le gouvernement écarte la seule profession dont c’est réellement le métier. Outre le geste qui se résume en l’administration par voie intra musculaire du dit vaccin, se pose la question de l’éligibilité du patient, de sa surveillance, de l’anticipation et de la gestion des ses réactions humaines et physiologiques à la vaccination. Les infirmiers peuvent déjà effectuer certaines vaccinations, sans prescription médicale (Article L4311-1 du CSP). Ils pratiquent ainsi chaque année l’injection du vaccin antigrippal pour un nombre considérable de personnes (Article R4311-5-1 du CSP).

Pour rappel, les infirmiers ont la spécificité d’être formés aux gestes d’urgence, à savoir reconnaître et anticiper les réactions allergiques du patient à la fois de part leur cursus mais également par empirisme car rappelons-le, ils sont, du fait de leur proximité, souvent le premier recours en cas de détresse vitale d’un patient. Nous sommes également les plus nombreux sur le terrain et auprès des patients. Utilisons les bonnes compétences au bon endroit. Cessons ce gaspillage des ressources humaines.

Si nous assumons vos sur sollicitations que ce soit en ville, dans les cliniques, les hôpitaux et sur l’ensemble de nos exercices nous ne pouvons plus supporter de n’être pas considérés à notre juste valeur, qu’il soit donné aux pharmaciens ce qui est l’essence même de notre profession et de notre rôle : la prévention, l’éducation, la surveillance et surtout le raisonnement clinique.

Imaginez, Monsieur le Ministre, ce que nous pourrions avoir comme couverture vaccinale si vous nous laissiez le droit de prescrire ce vaccin ! Alors que dans les autres pays ce sont les infirmiers qui œuvrent sur le plan vaccinal à toutes les étapes de la vie du patient.

L’exception Française : c’est qu’on est en France moins bien vacciné que dans les autres pays, que les infirmiers et infirmières sont jours après jours bafoués et désavoués dans leur rôle. Résultat : la 6ème puissance mondiale est le 48ème pays en pourcentage de population vaccinée ! Les 600.000 infirmières de France doivent pouvoir vacciner en autonomie pour répondre aux besoins de la population ! Les 140.000 infirmiers libéraux sont les derniers professionnels de santé à se rendre au quotidien au domicile des patients, mais ils ne peuvent pas vacciner sans ordonnance médicale ?

Parallèlement des patients âgés et fragiles se voient rembourser des transports sanitaires pour se rendre dans des centres de vaccination. Finalement, tout s’explique, les infirmiers en France sont moins considérés, moins rémunérés, voient leur rôle diminuer et de ce fait le système de santé s’en trouve altéré.

Alors que le Premier Ministre appelait avec emphase il y a quelques jours à la mobilisation générale nous parlant d’une course contre la montre pour la vaccination, on nous demande de rentrer à la maison. La désorganisation est la plus totale et la politique vaccinale se fait au doigt mouillé. Cela fait de nous des cancres de la vaccination. La France, 6ème puissance mondiale, est bien loin derrière le Maroc, le Chili, la Serbie, le Portugal, la Roumanie, etc. Il faut un retour rapide au bon sens : écouter les soignants, changer le logiciel de l’administration de la santé. L’urgence est à l’abrogation de cette décision inepte de la DGS si l’on ne veut pas que la colère, l’écœurement et in fine la démotivation des infirmières aient de lourdes conséquences

Les 24 organisations signataires : Académie des sciences infirmières, Association des enseignants des écoles d’infirmiers de bloc opératoire, Association française des infirmières de cancérologie, Association des infirmiers libéraux du Bassin Alésien, Association catalane d’infirmières cliniciennes et de consultation, Association de promotion de la profession infirmière, Collège infirmier français, Collectif Inter blocs, Comité d’entente des écoles préparant aux métiers de l’enfance, Convergence infirmière, Fédération nationale des infirmiers, Groupement des infirmiers de santé au travail, IPAssociation Val-de-Loire, Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux, Réseau des infirmiers enseignants en santé au travail, Réseau des infirmiers du diabète ETP, cliniciens, consultants, Société française de recherche des infirmiers en pratique avancée, Syndicat national des infirmiers conseillers de santé, Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux, Syndicat national des professionnels infirmiers, Union nationale des infirmiers diplômés d’Etat libéraux, Union nationale des infirmiers en pratique avancée.