La profession infirmière est-elle essentiellement féminine ? (1/3)

Encore aujourd’hui l’expression « Journée Internationale des Infirmières » (pour rappel, fêtée le 12 Mai de chaque année) en témoigne : la profession infirmière est toujours considérée comme essentiellement féminine. Et en ce mois de Mars traditionnellement dévolu à la femme, il est l’heure de faire le point sur ce sujet essentiel. Car si les femmes doivent encore se battre pour leurs droits dans de trop nombreux domaines, il est un univers où la discrimination genrée s’inverse. Et où ce sont les hommes qui semblent peiner à faire leur place. Dès lors pourquoi cette féminisation presque exclusive de cette carrière médicale ? Et plus encore si la croyance reste vivace dans l’opinion publique ; les faits ne viennent-ils pas nuancer quelque peu le propos ? En un mot, la profession infirmière est-elle toujours aussi féminisée au XXI ème siècle ? Enquête et explications.

Le mythe de la femme soignante

A vrai dire, les cultures du monde entier semblent s’accorder sur ce point : le rôle d’infirmière est traditionnellement réservé à la femme. Et souvent, ce parti-pris s’observe aisément d’un point de vue linguistique. C’est par exemple le cas en anglais, où l’on parle de « nurse » pour désigner l’infirmière. Un terme dérivé de « nursing » signifiant l’allaitement et par extension ; le fait de nourrir de prendre soin. Et qui est bien entendu du fait de la biologie, une prérogative uniquement féminine ! Plus encore, l’étymologie française du mot infirmière est à prendre en compte. Et apporte encore un peu plus de matière à l’ensemble. En effet, il est avéré que ce mot découle directement d’ « enfermier », terme apparut en 1328. Pas de féminin pour cette ébauche, mais une notion de faiblesse puisqu’il provient lui même du mot « enfermerie », construit à partir d’ « infirme » ; lequel apparaît en 1247 dans le langage français. Très rapidement, « enfermier » devient « enfermière » et désigne la moniale ayant pour fonction de s’occuper des sœurs malades dans un couvent. Au XVème siècle, le terme se répand et la doxa accepte sans trop de difficulté l’idée que le soin des malades, des plus faibles, est réservé aux femmes. Du moins, le soin au sens basique du terme. Au sens nourricier, presque maternel. Car le soin technique (diagnostique, opérations) lui est réservé aux hommes ; versés en médecine depuis l’Antiquité. Tout se passe comme si le métier d’infirmière devenait la suite naturelle de la fonction maternelle. Ce qui en exclut d’office la population masculine. Et ce d’autant plus que la profession allait se définir et s’organiser ; sous le haut patronage d’une certaine Florence Nightingale …

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