L’augmentation des compétences des infirmiers : une nécessité ?

Un sujet évoqué lors du Ségur de la santé et prononcé lors des états généraux de début Octobre revient de nouveau sur le tas des sujets à traiter en priorité au vu de la situation sanitaire du pays ; l’augmentation du champ de compétences des infirmiers.

L’attractivité, principal facteur de changement

Le manque d’attractivité du métier d’infirmier se fait ressentir de plus en plus notamment au vu des résultats du récent sondage réalisé par l’Ordre National des Infirmiers qui prouve que 37% des infirmiers souhaitent quitter la profession d’ici 5 ans. Patrick Chamboredon – Président de l’Ordre National des Infirmiers – annonce : le problème n’est pas que financier. La revalorisation comme énoncé plusieurs fois depuis cet été doit également être accès sur la qualité du métier.

Étendre les actes des infirmiers se révèle donc être la solution pour pallier un certain nombre de besoins des Français. Le besoin est présent et doit à présent être accepté. Selon une enquête réalisée par la Convention on Health Analysis and Management (CHAM) les Français sont largement favorables à cette évolution puisque 82% de la population aimerait que les infirmiers puissent prescrire des analyses biologiques ou d’imagerie, les 74% approuvent l’idée qu’ils puissent effectuer des traitements médicaux, et 57% accepte la possibilité que les infirmiers puissent faire de petits actes chirurgicaux.

Nicolas Bouzou, – Economiste et essayiste, Directeur du cabinet de conseil Asteres – partage l’idée qu’élargir les compétences augmenterait la capacité de traitements : « Des méta-analyses et des revues de la littérature récentes prouvent qu’élargir les compétences infirmières augmente l’efficience du système de soins. On observe aussi une diminution de la durée d’hospitalisation et de leur nombre. Ce n’est pas seulement une question de corporatisme, cela serait bénéfique pour tout le monde. »

La profession doit être revalorisée à sa juste valeur. À l’heure actuelle, le temps et la qualité des soins sont impactés, car le temps de contact et d’accompagnement avec le patient est réduit. Une dégradation du rôle de l’infirmier est notable et ce principalement en hôpital où Guy Vallancien – Chirurgien et Universitaire, Président de CHAM – explicite que les infirmiers sont pris pour des « bouche-trous mis un jour en chirurgie un jour en médecine interne ainsi de suite » et annonce qu’ils sont là pour combler les vides.

Des textes bloquants

Depuis 2004 le décret des compétences n’a pas été mis à jour mais il est pourtant nécessaire de passer par ce décret pour faire évoluer la profession. D’après le président de l’ONI les textes sont bloquants vis-à-vis des évolutions et les désaccords entre les professions de santé empêchent d’avancer en ce sens.

Le modèle des pays voisins

Quand les compétences des infirmiers sont élargies une hausse de l’efficience du système de soins est notable. De plus l’attractivité augmente, car la productivité aussi. Le premier pays à agir en ce sens a été le Canada dans les années 60 suivi par le royaume uni dans les années 70. Les impacts sont en termes d’efficience, de satisfaction des patients (qui sont au centre de la démarche de soins) et de la qualité des soins qui se révèlent meilleurs.

Guy Vallencien et Patrick Chamboredon se mettent en accord quant à l’observation de la démarche de santé abordée dans les pays voisins où les infirmiers ont une liberté plus importante et travaillent en corrélation avec les médecins. En France on peut voir ce phénomène à Ales, dans une expérimentation baptisée « Equilibres » où un couple infirmier/médecin travaille ensemble et où l’infirmier fait les visites en premier lieu en informant par la suite le médecin. Plus d’une fois sur deux il est apte à régulariser la situation seul. Guy Vallancien pense que ce modèle doit être pris pour exemple puisqu’il limite le recours aux urgences et améliore le suivi de soins. L’autonomie est nécessaire pour réaliser des soins de qualité.